Le débat sur l’inscription des origines chrétiennes de l’Europe dans la Constitution de l’Union européenne a été l’occasion de mettre en relief deux laïcités « à la française », l’une détestable, l’autre déterminante :
1. l’argument laïc détestable : il consiste à prétendre que l’affirmation des origines chrétiennes de l’Europe constituerait une offense pour l’Islam devenu la 2ème religion de la France, et une provocation pour la Turquie promise tôt ou tard à entrer dans l’Union. Un tel argument, venu de personnes qui rougissent à la simple évocation de notre passé chrétien, tend à réviser l’histoire en confondant la reconnaissance d’un fait historique avec une revendication d’identité exclusive et sans nuances. De plus, cet argument met en relief la peur d’une « guerre de civilisations » qui témoigne de la méconnaissance profonde de l’Islam qui se nourrit du mépris que le déni de soi occidental lui inspire. 2. l’argument laïc déterminant est que le christianisme est le premier à avoir séparé Dieu de César. Au contraire de l’Islam qui refuse cette séparation. La laïcité française, longtemps jugée excessive par nos voisins européens, apparaît aujourd’hui comme un exemple à suivre car elle ne transige pas et ne laisse pas les intérêts religieux interférer avec les intérêts sociaux. C’est de cet héritage laïc déterminant qu’il est question et ce n’est pas aujourd’hui, sous prétexte de réalisme et de tolérance envers une communauté musulmane qui s’affirme, qu’il faut y renoncer. La véritable laïcité ne peut pas séparer l’esprit de la loi et la loi de la vie publique. Sinon elle est vouée à ressembler à cette perruque que les étudiantes endoctrinées arborent pour dissimuler leur voile dans la Turquie ambiguë où la loi est laïque et la vie publique islamique. Ainsi le libre exercice de la raison – fondement de la laïcité – suppose que l’on retire et la perruque et le voile.
