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La dictature du risque zéro dans la recherche industrielle

Le risque zéro dans l’industrie ou comment perdre les nouveaux marchés… En Novembre 2005 le parlement européen adoptait, après huit ans de débats et de négociations, un texte d’un millier de pages très controversé et considéré comme la loi européenne la plus importante depuis 20 ans.

Ce texte porte sur la sécurité des dizaines de milliers de substances chimiques présentes à des degrés divers dans tous les produits de la vie quotidienne, des ordinateurs aux cosmétiques, des voitures aux vêtements. Ce corpus juridique, inspiré à l’origine par les défenseurs de l’environnement, pose pour principe radicalement nouveau que les industriels devront prouver à l’avenir le caractère inoffensif de leurs produits, alors que jusqu’ici la preuve incombait aux pouvoirs publics. Cela revient à pousser très loin le principe de précaution qui débouchera très vite sur une terrible « dictature du risque zéro » : à l’industriel, au scientifique, à l’inventeur, bref à celui qui ose de prouver que son innovation ne comporte aucun danger pour personne. Cela laisse rêveur… Comment pouvoir penser que l’on peut cataloguer toutes les réactions de toutes les personnes, de tous les environnements, dans toutes leurs formes ?… Plus crucial encore : à la différence de la question des OGM dont l’enjeu économique est encore réduit, le secteur de la chimie emploie directement 1,7 millions de personnes en Europe représentant 1/3 de la production mondiale, on change d’échelle. Ainsi, 30 000 substances sur 100 000 existantes devront être désormais recensées, évaluées, testées, passées au crible par les industriels alors que la plupart sont déjà utilisées depuis des décennies. Le coût de ce travail de Titan mené au nom de louables principes de protection de la santé publique est évalué à près de 3 milliards d’euros – sachant que certaines estimations sont quatre fois plus élevées – il pèsera sur la compétitivité des groupes européens par rapport à leurs compétitrices asiatiques et américaines. Triste réflexe que celui de notre vieille Europe – pourtant à l’origine de toutes les découvertes majeures depuis la révolution industrielle – que de se réfugier derrière le principe de précaution stérilisant et contraire à la démarche scientifique et au progrès. Demain les services recherche et développement des entreprises européennes les plus innovantes, où iront-ils travailler ? Sûrement ailleurs qu’en Europe…

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