LA FACE CACHEE DES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES (II)
« Une indécente surenchère victimaire», ce sont les termes employés par Runy BRAUMON, enseignant à Sciences-Po, Médecin Sans Frontières, lors du Tsunami de 2005. Les causes réelles et surtout les conséquences des catastrophes sont toujours fausses (ex : les cadavres ne provoquent pas d’épidémies, mais les images montrent le contraire).
« Le remplissage des caisses des ONG, ne signifie pas mécaniquement l’amélioration du sort des victimes. ».
Serbie : l’adieu au Kosovo
Le dossier kosovar dépasse largement la seule question de l’intégrité territoriale de la Serbie : la communauté internationale peut-elle modifier des frontières reconnues en temps de paix ? Des entités séparatistes situées dans d’autres pays profiteront-elles de ce précédent pour s’engouffrer dans la brèche ? Last but not least : l’expansionnisme des régions musulmanes va-t-il déstabiliser toute l’Europe du sud-ouest ?
LA MEDITERRANEE, NOTRE HORIZON
POUR UNE UNION MEDITERRANEENNE
La Méditerranée fut le berceau de notre civilisation. A l’heure des pressions migratoires, des défis énergétiques, écologiques et sécuritaires, elle est toujours au centre de notre univers. Et pourtant elle n’est toujours pas un espace de solidarité et de coopération, tant sont profonds les clivages entre les deux rives et nombreux les conflits irréductibles qui s’égrènent en sont pourtour, l’idée est certes ambitieuse elle est cependant à la hauteur des défis multiples qui se présentent à nos portes et peut espérer reproduire plus au sud, les progrès accomplis en une génération dans l’intégration de notre continent.
Il faudra bien sûr rompre avec l’approche trop souvent bilatérale de nos relations avec les pays du Maghreb. L’euro-méditerranéen ne saurait se construire sans une Europe forte et déterminée. Le bassin méditerranéen concentre toutes les grandes fractures planétaires. L’accélération de la mondialisation et la recomposition des équilibres géoéconomique internationaux, induites pour une part par le décollage de l’Asie, révèle et aggrave la divergence des 2 rives de la Méditerranée. Et cet espace, miné par les peurs et les passions, paraît s’enfoncer dans les conflits ou se murer dans le repli.
Le parti démocrate dans le piège irakien
Depuis la victoire démocrate au Congrès en novembre 2006, la guerre d’Irak s’aggrave d’une autre guerre à Washington entre George W. Bush et son opposition démocrate. Pour la première fois depuis le début de l’invasion, et en partie à cause d’elle, une Amérique divisée est sortie des urnes : une majorité d’Américains a clairement répudié le bushisme et le président se voit contraint de composer avec un Congrès hostile. Par une ironie noire de l’Histoire, le même Parti républicain qui a voulu tourner la page de l’impuissance et de l’humiliation des années Vietnam, retrouve à la tête de l’une des plus évidentes déroutes militaires et morales de l’histoire des Etats-Unis. Cruel destin, mais dont l’Administration Bush, même désavouée par l’électorat, refuse de convenir. La guerre du terrorisme gagne à ses yeux en crédibilité et en héroïsme du fait même de l’ampleur du chaos irakien. De l’expédition américaine en Irak, et de sa gestion politique et militaire, dépend désormais l’issue des élections présidentielles de 2008. Mais aussi le sort du nouveau républicanisme américain, dont Dick Cheney et Karl Rove restent, dans l’entourage du président, les gardiens impavides. Le vote par les Démocrates des crédits demandés par le président Bush au Congrès pour continuer sa guerre perdue en Irak aura été leur dernière victoire.
LA CHINE ET LES ETATS-UNIS : LA COLLISION
et tout cela à force d’incompréhension…
Plus soucieux de publicité que de crédibilité long terme, les deux camps ont tout fait pour esquiver la question qui fait mal : d’un déséquilibre bilatéral qui fonce vers les 300 milliards de dollars.
Entre les Etats-Unis et la chine, c’est bien autre chose que des chicaneries de taux de change que Washington infligeât naguère qu’à ces alliés européens et japonais. Cette fois il s’agit d’un test politique grandeur nature, entre la « super puissance » et celle qui rêve de lui voler le titre. De l’issue peut naître davantage de compétitions. Elle rechignerait sur des dossiers cruciaux comme l’Iran, la Corée du Nord, l’Afrique ou le réchauffement climatique. A l’inverse il peut en rester une hostilité durable.
L’administration BUSH comme le Président BUSH et les Républicains battus aux législatives sont en plein campagne pré-électorale, mais il ne sont pas les seuls, à sa façon la Chine est aussi en pleine campagne politique et peu soucieuse de compromis.
UNION EUROPEENNE : La RESISTANCE TURQUE
La Turquie veut-elle réellement satisfaire aux conditions politiques de l’adhésion à l’Union Européenne ?
Elargie à 27 membres, depuis l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie en janvier 2007, l’Union Européenne demeure susceptible de s’élargir à d’autres pays et notamment la Turquie, même si les négociations d’adhésion de ce pays ont été suspendues en 2006 en raison du problème chypriote. On le sait, cette possible adhésion turque suscite des réactions très mitigées dans l’opinion publique de certains états membres (dont la France), mais qu’en-est-il côté turc ?
Jean-François TREVET fait le point sur les sources de ce blocage : critère interne (démocratie, état de droit …) et externe (contention avec la Grèce, questions Chypriotes, questions Kurdes …). Il souligne notamment que gouvernement Turque n’est peut être pas si désireux d’intégrer l’Union, comme l’indique ses résistances et réticences à travers les critères requis par les états déjà membres.
La face cachée des Organisations Non Gouvernementales (I)
Au-delà des échecs rencontrés en matière de développement, le rôle positif des ONG du Nord et du Sud ne paraît pas évident en matière de démocratisation de pays dont elles contribuent à affaiblir les appareils étatiques. Il est tout aussi probable que les progrès observés sur le terrain ou dans les enceintes internationales résultent plutôt d’un concours de circonstances. Souvent citée comme un grand succès du lobbying des ONG, la campagne de plaidoyer contre les mines antipersonnel est à cet égard emblématique. Sa réussite ne tient pas seulement à l’intelligence d’associations qui se sont concentrées exclusivement sur les mines et qui ont su éviter de se disperser dans des demandes de négociations plus globales concernant l’arme nucléaire ou le désarmement. Lancée en 1992, elle doit beaucoup à des fenêtres d’opportunité d’ordre conjoncturel et structurel : des changements de gouvernement en France et en Grande-Bretagne qui ont permis de vaincre les réticences des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU ; les hésitations des Etats-Unis qui, par contrecoup, ont convaincu des pays non alignés et traditionnellement opposés à la politique américaine ; le désintérêt des militaires et de l’industrie de la défense, pour lesquels les mines n’étaient pas vraiment une arme utile et un marché porteur, ni même rentable…
Des carburants propres ça n’existe pas…
Les carburants végétaux : une bonne idée avec de vrais risques. Suivent quelques réflexions non dénuées de bon sens qui décrivent une vérité pas si simple. Selon un rapport de BERCY (de novembre 2005), l’économie de CO2 réalisée grâce aux biocarburants ne représentera qu’à peine 5% du total des gaz à effet de serre émis par le transport routier français. Petite économie qui coutera 5 à 6 fois plus cher que les investissements nécessaires pour économiser les mêmes émissions par d’autres moyens.
Un rapport de la Banque Mondiale (Octobre 2006)indique lui que la déforestation au Brésil et en Indonésie serait responsable de 20% des émissions annuelles totales de CO2, soit 3 milliards de tonnes. Or, les forêts sont des pièges à CO2. Elles absorbent des gaz à effet de serre. Elles sont donc à protéger en priorité.
Prospective et Pragmatisme : un remède aux chimères…
La prospective est un sport de haute volée, mêmes des spécialistes se sont fourvoyés dans ce domaine : Francis Fukuyama qui prédisait, au lendemain de la chute du mur de Berlin, à l’automne 1989, la « fin de l’histoire » est bien placé pour le savoir. Pourtant, François Heisbourg, l’un des rares experts français des relations internationales reconnus à l’étranger relève le défi dans son essai intitulé « l’épaisseur du monde ». Un titre en forme de réponse au journaliste américain, Thomas Friedman, qui a baptisé l’un de ses derniers livres « la Terre est plate » et dans lequel son objectif n’est pas tant de décrire la mondialisation que de la faire « comprendre », de nous faire apprécier qu’elle constitue le stade suprême de la civilisation humaine, à la fois désirable, digne de susciter notre confiance, de nous rendre riches et libres, d’améliorer dans le monde entier chacun et toute chose. L’auteur est après tout le commentateur de politique étrangère le plus influent de la seule superpuissance du monde, le titulaire de deux prix Pulitzer et le journaliste qui, autrefois, était si proche du département d’Etat et de son patron d’alors qu’un hebdomadaire l’avait qualifié de « fonctionnaire du ministère de l’information de James Baker ».
Mais revenons à François Heisbourg, on l’aura compris pour lui la terre n’est certainement pas plate et l’histoire est loin d’être finie. En échos à un ouvrage récent de Thérèse Delpech (« l’ensauvagement du monde : le retour de la barbarie au 21ème siècle »), l’auteur insiste au contraire que la transition historique qui est en train de s’accomplir sous nos yeux : le centre de gravité du monde est en train de basculer de « l’ensemble euro-américain » vers l’Asie et singulièrement vers la Chine.
Aujourd’hui : quelle France pour quel monde ?
Bref essai incisif, Hubert Védrine esquisse sa pensée sur le Monde depuis la chute du mur de Berlin.
Après l’effondrement de l’URSS, les occidentaux, marqués par l’angoisse de la guerre froide, croient avoir gagné la bataille de l’Histoire et pouvoir régner en maîtres via leurs « valeurs-vecteurs » : la démocratie était appelée à se répandre partout, et le marché entraînerait dans ses succès bientôt toute la population mondiale, la tirant de la pauvreté et de la dépendance. De Francis Fukuyama à Madeleine Albright, en passant par le nouvel ordre international de Bush père, naïveté et douce illusion nous berce et nous fait oublier ce que disait Raymond Aron, que l’Histoire est d’abord une tragédie. Hubert Védrine s’en prend au concept de la mondialisation heureuse qui porte aux nues la politique « ONG » et la société civile : il ne leur reconnaît ni légitimité ni utilité. Il se prend également au concept flou de « communauté internationale » en démontant le mirage de la régulation internationale et les chimères de l’Europe-puissance si chère à beaucoup de Français.

