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L’Etat garant, mais jusqu’où ?

Le refus du Parti socialiste français de voter le plan d’urgence européen, élaboré lors du sommet de Paris du 12 octobre, vient de projeter une lueur assez sinistre sur la faiblesse de la culture libérale dans notre pays. On aurait pu imaginer que ce plan, élaboré sans joie pour corriger de lourds dysfonctionnements en offrant la garantie de l’Etat au crédit interbancaire, fût voté par un PS trop heureux de saisir ainsi l’occasion de démontrer les défaillances du marché. C’est ce qu’ont fait ses homologues européens. Mais non, c’était encore trop.

Alors qu’il devrait être entendu que l’émancipation de l’individu et l’appel à sa responsabilité et à sa conscience ont constitué la principale conquête des Lumières, la seule invocation des notions d’esprit d’entreprise, de risque ou de « libre examen » est perçue comme une audace qui ferait brûler son auteur, comme au temps de Voltaire. En fait, comme le font remarquer, chacun à sa manière, Lucien Jaume et Philippe Nemo, derrière le mot République, et même derrière l’étiquette libérale, se cachent deux familles. L’une qui croit à l’individu, l’autre qui s’en méfie.

La querelle se poursuit aujourd’hui encore à droite, à propos du « patriotisme économique », dans des termes presque inchangés. Pour nous, après le plan du 12octobre, la principale inquiétude sera de savoir si l’Etat saura, une fois son but atteint, se retirer.

In Le Figaro Magazine, by Alain-Gérard Slama, le 18 octobre 2008

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