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L’obscénité démocratique

de Régis Debray

Difficile et dense, il tire à boulet rouge sur le sommet de notre pensée unique. Pour lui la République est nue. Avec Nicolas Sarkozy, l’Etat finit de tomber de son piédestal -ce qui n’est ni complètement bon ni vraiment mauvais- mais souligne avec brio comment la République, si bien libérée de toute mise en scène, finit par sortir de scène tout court et par devenir ob-scène,selon le premier sens du mot. En effet il ne peut y avoir de pouvoir d’Etat sans théâtre, ors et ornements, justement sans piédestal rappelle Régis Debray -si si- ce que De Gaulle, traçant dans le « Fil de l’épée » le portrait d’un chef, nommait « prestige ».

Faute de savoir être donc et de savoir paraître, l’Etat s’accroche à sa dernière réalité : la redistribution des signes monétaires et l’assistance qu’il n’éblouit plus se mue en collection d’assistés au profit des vraies puissances économiques, financières et des féodalités de tout poil : sans la majestueuse légitimité de Louis XIII, point de Richelieu et de sa puissance de gouverner ; sans les pompes de Louis XIV, point de Colbert et son génie à organiser, plannifier et visionner…
Régis Debray ne parle pas de la nation mais s’y réfère à demi-mots emporté qu’il est par sa propre logique : pas de lien sans métaphysique. De même il ne prononce pas le mot souveraineté mais il décrit à la perfection la crise dans laquelle elle est en parlant de l’impuissance de la puissance (le « voyez je suis comme vous » de nos élites et de nos idoles crée de la proximité certes, de la sympathie tout à fait et un immense sentiment d’insécurité), du danger à nier la diversité des civilisations, et à rejeter que ce qui unifie le monde c’est la technique et que la culture sépare.

Régis Debray s’insrge, dessine les contours de ce qui fait notre société actuelle au fond : la fin des pudeurs communautaires et physiques, les sautes d’humeur, les bouffées d’émotion deviennent comme le torse nu et le nombril à l’air, des procédés rhétoriques d’accréditation ; l’affect émance d’un monde où la liberté n’est plus une autonomie réfléchie mais une spontanéité sacralisée, un « laissez-moi faire, laissez-moi passer » et non une loi imposée à soi-même.

Vous avez dit difficile et dense ? Oui mais un Régis Debray passionnant : « l’obsénité démocratique » c’est tout de suite !

Une réponse de “L’obscénité démocratique

  1. catoneo

    Aussi adroits soient-ils sur scène, les locataires à bail précaire de l’Elysée n’atteindront jamais au prestige de la vieille monarchie qui avait pourtant moins de pouvoir qu’ils n’en détiennent, et ne coûtait pas autant.
    Les citoyens aiment sentir une certaine transcendance au sommet de l’Etat, une certaine connivence avec un étage supérieur. Nous en sommes très loin avec l’actuel signataire du bail.

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