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Liban : courte victoire pour l’opposition chrétienne (I)

Proche- Orient : A moins de deux mois du scrutin présidentiel, cette élection législative partielle dans la région du Metn n’a fait qu’exacerber un climat politique déjà très tendu.

Beyrouth Le scrutin était une sorte de primaire, qui devait servir de test avant la présidentielle de septembre, la fonction de chef de l’Etat étant réservée à un maronite. Il opposait le candidat de Michel Aoun, l’un des leaders de l’opposition, à l’ancien président Amine Gemayel, soutenu par l’ensemble de la coalition majoritaire, dite du 14 mars, pour succéder à son fils Pierre, assassiné en juin dernier. Si le candidat aouniste, Camille Khoury, l’avait emporté haut la main, le chef du Courant patriotique libre aurait pu faire taire définitivement ses adversaires, qui l’accusent d’usurper le titre de leader des chrétiens, fondé sur le résultat des législatives de 2005 . S’il avait été battu, les chances de Michel Aoun d’accéder à la présidence auraient quasiment disparu et celles d’Amine Gemayel auraient fortement augmenté. La victoire à l’arraché de Camille Khoury – la différence n’est que de 418 voix sur 78 650 votes exprimés -ne fait que compliquer davantage encore l’équation politique libanaise déjà particulièrement complexe en raison de la structure multi confessionnelle du pays et le l’interférence d’enjeux régionaux et internationaux majeurs.

Au lendemain du scrutin, Michel Aoun se sent conforté dans la volonté de briguer la magistrature suprême, tandis que la majorité parlementaire semble plus résolue que jamais à ne pas l’y porter (le président est élue par les députés) au motif que son alliance avec les Hezbollah fait le jeu de la Syrie accusée d’avoir commandité la série noire des attentats qui frappe le pays depuis octobre 2004. La courte victoire du candidat aouniste s’explique aussi par la défection d’une partie importante de l’électorat chrétien qui a sanctionné des alliances jugées contre nature entre les principaux champions de la lutte contre la tutelle syrienne sur le Liban et l’allié stratégique de Damas au pays du Cèdre, le Hezbollah. A moins de deux mois de l’échéance présidentielle, cette élection partielle n’a fait qu’exacerber un climat politique très tendu que de nombreuses tentatives de médiation. Le danger qui se profile, faute de compromis sur la question de la présidence, est celui de la division des institutions, le président sortant ayant menacé de remettre ses pouvoirs à un deuxième gouvernement pour contrer celui de Fouad Siniora dont l’opposition conteste la légitimité.

Sibylle RIZK Le Figaro, mardi 7 août 2007

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