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La culture libérale ou l’esprit d’indépendance (4/5)

Pour retrouver la place qu’ils n’auraient jamais dû perdre dans le débat politique, les libéraux français ne doivent pas se renier mais renouer sans complexe avec la réflexion de leurs pères fondateurs (Benjamin Constant…) : séparer César de Dieu, le public du privé, la politique de l’économie, la morale du calcul d’intérêt, la volonté générale de la norme, la loi des droits, la sanction de la prévention, l’individu de la communauté – cette méthode de raisonnement politique qui résume l’essentiel de la démarche libérale dans notre pays est la condition indispensable à la reconquête de l’autonomie individuelle sur un environnement social de plus en plus oppressant et aveugle. La plus apte en tout cas à favoriser l’émergence d’une société laissant à chacun, selon une formue d’Aron « la charge de trouver dans la liberté, le sens de sa vie ».

La culture libérale est d’abord une culture d’opposition. Ensuite, les libéraux sont aussi multiples que les cultures des nations dont ils sont issus : là en effet où l’utilitariste anglo-américain pense la société en termes de rapports d’intérêt, le libéral français (issus de l’aristocratie, de l’Université et des milieux chrétiens) pense celle-ci en termes de réciprocité. Là où le premier compte sur l’organisation, sur l’identité, sur l’équité et sur le contrôle préventif pour socialiser les conduites humaines sans exercer de contrainte, le libéral français se fonde sur l’éducation laïque, sur l’universalité des valeurs, sur l’égalité devant la loi et sur la sanction pour développer, en chacun la conscience de ses responsabilités. Le premier considère la participation civique et l’intégration communautaire comme des fins en soi, le second privilégie la capacité à donner à chaque individu de définir ses valeurs sans être aveuglé par ses intérêts immédiats ni aliéné pas une référence identitaire. Le premier est un sociologue, le deuxième est un moraliste. Dans le libéralisme la diversité des points de vue, l’expérimentation des idées, l’analyse objective des conséquences, servent la vérité.

Alain Gérard Slama, « Le libéralisme introuvable » Le point, 24 janvier 1998.

Lucien Jaume, « L’individu effacé, ou le paradoxe du libéralisme français », Fayard, 1998

Tzvetan Todorov, « Benjamin Constant, la passion démocratique », Hachette Littératures, 1998

Benjamin R. Barber, « Démocratie forte », Desclée de Brouwer, 1998

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