« […] A lire la longue liste des avanies promises dans un futur plutôt proche aux jeunes lecteurs, on en viendrait presque à appeler Harry Potter à la rescousse. Après la vague fantastique puis la mode des vampires, l’édition jeunesse cherche une nouvelle poule aux œufs d’or. A en juger par les titres des livres qui déferlent actuellement sur le rayon « lectures pour tous », l’avenir semble sourire aux récits sombres, post-apocalyptiques. […]
Ces histoires concrétisent les angoisses latentes. La fiction permet de les pousser à leur paroxysme dans un avenir relativement proche et plausible. La force de frappe des groupes éditoriaux n’est pas étrangère au succès de ces romans souvent lancés à grand renfort de marketing. On peut aussi s’interroger sur les raisons de cet engouement.
L’Américain Scott Westerfeld […] soulignait récemment dans le New York Times : « L’école est un endroit où les adolescents sont soumis à des codes vestimentaires, ou ils ont peu le droit à une parole libre, où ils sont constamment surveillés, où ils s’assoient et se lèvent lorsqu’une sonnerie résonne. Cela n’est pas étonnant que la dystopie leur parle. » […]
A l’inverse des classiques du genre, les héros de ces livres sont toujours des adolescents auxquels les lecteurs s’identifient aisément. Ils apportent aussi cette touche optimiste dans des contextes généralement sobres. La morale qui sous-tend tous ces récits d’anticipation est bien celle-ci : Soyez vous-même […] »
In Le Figaro, 16 juin 2011, by Françoise Dargent