blog-politique

blog-politique

Pour une écologie de la raison (1/2)

Propos de Claude Allègre et Luc Ferry

« Giec (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), Grenelle de l’environnement, principe de précaution… : les deux anciens ministres de l’Education d »ébattent du poids de l’écologie dans notre société. Ils plaident pour une écologie de l’innovation et de la rationalité, à l’encontre de l’idéologie de la décroissance et de l’autopunition. Dénonciation du » mythe du réchauffement climatique » et des « alarmistes » : Claude Allègre : « Je ne suis pas partisan des dégagements de CO2 : ils acidifient les océans, et, à terme, nul doute qu’ils auraient une influence sur le climat. Mais, aux teneurs actuelles, il est difficile d’établir que le CO2 est la cause principale des changements climatiques. Basées sur des modèles mathématiques, ces prédictions se sont avérées fausses. » Luc Ferry : « Je crois que l’écologie pose mal les vrais problèmes auxquels nous sommes confrontés, notamment par rapport à l’entrée de l’Inde et de la Chine dans la mondialisation et la logique de la consommation à l’occidentale. D’un côté, nous avons besoin de la croissance en Europe, sans laquelle les entreprises font faillite et le chômage s’accroît. De l’autre, et ici, les écologistes ont raison, la croissance au niveau mondial n’est pas tenable…Si nous ne voulons pas de la décroissance qui détruirait nos économies, nous devons offrir à l’Inde et à la Chine des solutions qui reposent sur l’innovation scientifique et technique. Par exemple, des habitations basse consommation ou des voitures électriques. Si on imagine qu’en mettant une taxe carbone en France on va impressionner les Chinois, on se trompe ! Pour eux, le développement économique est mille fois plus important que la question du climat. » Mise en cause du Giec sur l’évolution du climat : Claude Allègre : « …Les responsables du GIEC l’ont proclamé : si nous ne sommes pas alarmistes, personne ne nous écoutera ! Sauf que le système est entrain de s’effondrer car on va vers une stabilisation et un refroidissement. Ces gens ont érigé le consensus en principe, la pire des choses en science et ils se sont trompés ! Je crains que la science n’en fasse les frais ! Il aurait mieux valu dire qu’on ne connaît pas bien le rôle des nuages et de l’océan et qu’on ne peut prédire l’avenir. Et que par précaution, il est souhaitable de mieux contrôler l’émission de CO2 dans l’atmosphère. … Cette attitude alarmiste relève d’une démarche clanique, comme vient de le montrer la pétition lancée contre moi qui a été condamnée par de nombreux intellectuels….Est-il nécessaire qu’il y ait un Giec qui décide la vérité transformée en dogme international ?… Alors que les Américains ont foi en l’idée que l’Amérique va résoudre les problèmes, nous, Européens, les jeunes en particulier, sommes découragés. L’idéologie de la décroissance participe de cette tendance dépressive. » Cette attitude alarmiste relève-t-elle d’une démarche idéologique ? : Luc Ferry : « Ce que dénonce Allègre procède d’un état d’esprit qui dépasse l’écologie. Nous avons assisté ces dernières années en Europe à une véritable prolifération des peurs. Peur du sexe, de l’alcool et du tabac, peur des poulets et de la côte de bœuf, peur de l’effet, de serre, des nanotechnologies, etc. L’écologie déculpabilise la peur. Une grande personne, pour parler comme Saint-Exupéry, doit être capable de quitter les parents, de ne plus avoir peur du noir et de secourir une personne agressée dans le métro. Tout cela a changé dans les années 1970-1980. Dans Le Principe de la responsabilité du philosophe allemand Jonas, il y a un chapitre qui exprime l’idée que grâce à la peur, nous découvrons les menaces qui pèsent sur l’environnement et la politique. De là le slogan pacifiste, « plutôt rouge que mort » : la peu a cessé d’être une passion honteuse pour finir par inspirer le fameux principe de précaution. En outre, l’écologisme est porteur d’une haine de la modernité qui apparaît dans les films d’Hulot où on nous fait l’éloge des « peuples naturels », comme disait Rousseau. …On idéalise les « naturels » pour mieux stigmatiser la modernité. Ce n’est pas un hasard si on retrouve chez les écolos beaucoup d’ex-gauchistes : cette idéologie est le lieu de la collusion de tous les antimodernes. » Claude Allègre : « Je montre en effet dans mon livre qu’une certaine idéologie écologiste procède de l’esprit de repentance qui s’est développé en Occident. L’homme qui a créé le Giec, l’Anglais John Houghton, est un dévot fondamentaliste. … Il ne croit pas à la théorie de l’évolution darwinienne ni à la mécanique quantique. Quant à Al Gore, qui a fait fortune dans le business de l’écologie, c’est un mystique qui fait des séjours de réflexion dans les églises baptistes.»

By Paul-François PAOLI in Le Figaro, 28 avril 2010

Laisser une réponse


4 × trois =