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L’urgence d’une métamorphose

Selon Pierre F. Gonod « Notre civilisation va-t-elle tout droit « vers l’abîme ? » Telle est la question soulevée dans un ouvrage récent par Edgar Morin, le célèbre philosophe français dont l’œuvre majeure, La Méthode (1977-2004), développe un système de pensée destinée à appréhender le réel dans toute sa complexité. Après un rappel de la « crise de modernité » que connaissent actuellement nos sociétés, il revient sur la réforme du mode de pensée et de raisonnement proposée par Edgar Morin. Il précise ensuite l’analyse du philosophe sur la mondialisation et l’émergence de la « socialisation » dans le contexte de l’après-11 septembre 2001. Face à la catastrophe en germe, conclut Edgar Morin, il n’y a plus d’autre issue, pour notre civilisation, qu’une métamorphose.(…) »

« ous sommes au cœur d’une crise planétaire. C’est une crise où tout se disloque alors que tout s’unifie, où se manifeste l’amplification de phénomènes négatifs. Prélude de la catastrophe. Nous savons que le système Terre est incapable de traiter ses problèmes vitaux et fondamentaux. Or, quand un système est incapable de les traiter, soit il se désintègre, soit il trouve en lui la capacité de secréter une métamorphose. C’est-à-dire un métasystème nouveau et plus riche. Alors, « pourquoi ne pas penser que de la crise actuelle pourrait sortir une métamorphose dont nous ne pouvons pas encore prévoir les formes ni même nous assurer de sa possibilité ou de son improbabilité ? »

Dans sa conclusion, Edgar Morin procède à un examen final et tient à « complexifier » son point de vue. « Complexifier, écrit-il, c’est essayer de voir non seulement le jeu multiple et divers des interactions, imbrications, rétroactions, antagonismes planétaires, mais aussi les opposés d’un même phénomène, notamment ce qui est dans la mondialisation lie en opposant et oppose en liant. »

Il fait un tour d’horizon des problèmes fondamentaux actuels dans un contexte géopolitique : mondialisation et ses diverses formes, nationalisme, progrès, développement et croissance, écologie, crises de la conscience, de la pensé, du politique, combinaison de ces crises.

Les vices de la pensée dominante conduisent à l’incapacité de reconnaître et de concevoir le complexe, de traiter le fondamental et le global, à réduire les comportements humains à ceux de l’Homo œconomicus, animé par le seul intérêt matériel. « D’où la débâcle de la pensée politique. La crise de civilisation lui est invisible, la crise planétaire lui est invisible. Elle est incapable d’énoncer des propositions alternatives à la crise. Elle est incapable de formuler une politique de civilisation et une politique de civilisation et une politique de l’humanité ».

Cependant, après avoir de nouveau évoqué la catastrophe à l’image de celle qui faillit éliminer la vie à la fin de l’ère primaire, les débuts d’un chaos, il pense que ce dernier peut être destructeur, mais aussi génésique, constituant l’ultime chance dans l’ultime risque. Désormais, les mots de réforme ou de révolution sont insuffisants, la seule perspective de salut serait celle d’une métamorphose. »

Par Pierre F. Gonod, à propos de l’ouvrage d’Edgar Morin : Vers l’abîme ?, octobre 2008

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