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« La France a manqué son destin marchand » Essai historique d’Alain Minc Ou comprendre l’histoire de France – 2ème partie

Selon Alin Minc « Autre élément déterminant selon vous dans notre histoire : la « domestication des élites »… Oui, je le dis de façon provocante, mais je pense sincèrement que Vichy s’explique par cette domestication que nous devons au premier chez à Louis XIV. Si la Fronde avait gagné, les élites françaises se seraient constituées contre le roi, tout comme les élites aristocratiques anglaises. Dès lors que les Grands sont vaincus, elles vont procéder du roi. Un fait datant de Richelieu, l’interdiction pour les nobles de faire du commerce, explique au surplus la mauvaise relation de la France avec le capitalisme. De ce moment, les élites sont fabriquées, enrégimentées, construites par le pouvoir exécutif. Leur capacité d’obéissance devient sans limite. Ce qui entraîne l’incapacité de la révolte. Pour le pire, cela fabrique Vichy. Pour la vie courante, cela induit les phénomènes de cour auxquels nous assistons encore aujourd’hui. (…) « 

« Pour avoir « scanné » l’histoire de France, avez-vous repéré des traits de caractères spécifiques chez ses grands hommes ? Il y a deux types de souverains – ou de grands hommes – dans notre histoire. Les libérateurs et conquérants, et les « fabricants de synthèse ». Le propre de De Gaulle, cette bizarrerie surréaliste, personnage semblant sortir d’un Chirico ou d’un Magritte, c’est qu’il est probablement le seul à réunir ces deux caractères… Vous achevez votre ouvrage à l’arrivée de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Quel est aujourd’hui le problème de la France ? C’est une banalité de le dire, mais son problème, c’est le monde. Après des siècles de grandeur, tant par la démographie que par l’influence politique, nous avons eu du mal à comprendre que le monde existait. Par la suite, nous avons cru que, par notre universalisme, une forme de talent intrinsèque, nous serions un pays missionnaire qui le dominerait. Eh bien non ! Comme l’a dit avec justesse, mais trop tôt, Valéry Giscard d’Estaing, « la France est une grande puissance moyenne ». Il faudra désormais raisonner comme en aïkido, où la prise est celle du faible au fort. Pour être plus précis, celle du faible qui sait se servir de la force de l’adversaire pour la retourner contre lui. »


« Une histoire de France » d’Alain Minc (Ed. Grasset) Propos recueillis par Patrice de Méritens et J-René van der Plaetsen In le Figaro Magazine du 20 septembre 2008

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