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Nouvelles idolâtries et air du temps

Selon Michel Maffesoli « Le poète portugais Fernando Pessoa invitait ses lecteurs à déchiffrer les lois secrètes réagissant les sociétés. Notre temps en a sérieusement besoin. Il a ses icônes dont l’émergence reste un mystère. Pourquoi certaines personnes acquièrent à un moment la figure d’un mythe ? Quelles en sont les conséquences ? Au temps du général de Gaulle, un joueur de football, une présentatrice télé ou un abbé actif n’auraient jamais pu se hisser au rang de la légende. Aujourd’hui, rappelle Michel Maffesoli dans ce mini dictionnaire de nos idoles contemporaines, l’abbé Pierre, Zidane ou Mireille Dumas constituent le bataillon de nos idolâtries postmodernes. Cela mérite tout de même réflexion. On a beaucoup abusé de ce concept de postmodernité censé nous avertir que nous avons rompu avec le rationalisme des Modernes. » (…)

« Nous en sommes désormais à douter de la raison, attachant plus d’importance au flou, au sentiment, à « l’impératif atmosphérique », pour parler ironiquement comme Ortega y Gasset, plutôt qu’à l’impératif catégorique kantien. L’expression « c’est clair » témoigne bien, par antiphrase, de notre conviction que tout est devenu confus. Le clair-obscur est à l’image de notre société. Nous vivons le retour des religions à mystère (sectes), comme à l’époque de la chute de l’Empire romain. Tout est affaire d’initiations, de pactes, d’écuries. C’est l’apothéose de l’idéal « mafieux », de l’initiation, du clan, que traduit à merveille le « je-n’aime-pas-ce-type » qui se diffuse dans le tout petit monde intellectuel. Foin des débats. Ce type ne me revient pas, un point c’est tout. Une régression de l’esprit, si répandue, n’est que la transposition de l’incivilité du loubard dans l’univers du bob… Tout, dans ce livre, fourmille d’impressions de ce genre, parfois bâclées, mais où prédomine cependant une vue juste sur les phénomènes contemporains, surtout quand le sociologue devient philosophe. C’est alors qu’il se fait le plus intéressant. N’est-ce pas d’ailleurs un autre trait d’une époque gavée de « sociologisme » et qui n’arrive plus à se penser ? Seule question restant en suspens : sommes-nous à l’agonie ou aux prémices de cette société « dionysiaque », faite de mystère, de sorcellerie (comme en témoigne le succès d’un Harry Potter) ? Faudra-t-il ou non attendre encore longtemps avant que nous ne puissions espérer le retour à une société moins archaïque, plus « apollinienne » ?

In Le Figaro, mai 2008, by Jacques de Saint Victor Iconologies – Nos idolâtrie postmodernes Par Michel Maffesoli

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