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A quoi servent les députés ?

Pour préserver son rôle politique, le député français se mue en prestataire de services de proximité…dommage pour la République. Les assemblées parlementaires sont devenues le maillon faible du système politique. Chacun met en évidence leur «déclin» puis cette envie de « revaloriser » leur rôle. Pourtant, le député reste considéré comme l’acteur clé de la vie politique française. De plus, la décentralisation via l’essor des Régions, l’intégration européenne, l’irruption de la démocratie participative et du dialogue civil dans la politique n’ont entaché le crédit des parlementaires. Du côté des scrutins, la compétition entre les prétendants s’amplifie et la participation se maintient à un niveau très honorable.

Cependant, si la loi est toujours votée par le Parlement, son autorité se heurte de plus en plus à celles des collectivités locales ou aux normes et directives européennes directement ou indirectement applicables dans les Etats de l’Union.

La visibilité des députés ne pâtit pas de cet effacement institutionnel du Parlement. En effet, les parlementaires ont inventé de nouvelles formes d’intervention politique : ils usent et abusent de leur droit d’amendement. L’amendement, au premier abord, est prévu pour améliorer la loi. Désormais, celui-ci permet de compenser la difficulté d’accès aux questions orales.

Olivier Costa et Eric Kerrouche, dans une enquête Presses Sciences Po sur « Qui sont les députés français ? Enquête sur des élites inconnues ? », notent de nombreux dévoiements, tels que : « Les députés font désormais un usage très stratégique et personnalisé des amendements, notamment pour défendre les intérêts de leur circonscription. » Et de rajouter : «Sous la Ve République, la montée en puissance des groupes politiques n’incite pas le gros des troupes à s’investir dans le travail parlementaire. » L’absentéisme en séance plénière, le contournement de la règle du vote personnel et la focalisation d’un nombre croissant d’élus sur leur rôle d’intermédiaire entre les électeurs, les groupes d’intérêt et les pouvoirs publics font partie des symptômes significatifs de cette prise de distance des élus avec la vie du Parlement.

Au Parlement, la circonscription est au cœur du travail du député : médiation entre la circonscription et les institutions centrales de l’Etat. De plus, les pressions exercées par les électeurs en circonscription conditionnent l’essentiel du travail politique à l’assemblée où l’élu traduit ses doléances en propositions de loi, d’amendements, en questions écrites, pour prouver qu’il a rempli sa mission. Le grand nombre des questions écrites venant directement des administrés en dit long sur la méthode de dévoiement clientéliste d’un moyen de contrôle des parlementaires sur l’activité de l’exécutif. Le député cherche à développer et rationaliser son service aux électeurs. Il a adopté, alors, les techniques de ses collègues américains : lettres types à ajuster au cas soumis, argumentaires, modèles de question écrite, gestion de fichiers des interventions, des sympathisants avec entrées par zone géographique (cantons, communes, bureaux de vote, etc.).

L’accroissement des crédits collaborateurs a démultiplié ses forces. Directement liés au succès électoral de leur employeur, ses assistants- qui sont un à l’Assemblée, trois en circonscription- édifient la réputation de dévouement et d’efficacité. En somme, cette force de frappe de fidélisation s’avère dans la pratique comme une prime électorale au profit personnel du sortant.

Source, le Figaro, octobre 2007

Une réponse de “A quoi servent les députés ?

  1. François

    En effet, votre analyse est pertinente, vue du dedans. Il y a aussi des parlementaires qui bossent et qui ont une véritable éthique du travail parlementaire, c’est à dire rechercher les consensus positifs plutôt que l’opposition systématique. Pour exemple, la sénatrice PS Nicole BRICQ, qui vient de lancer un site web impressionnant (voilà un exemple de renouvellement de la communication d’une politique vers le citoyen), sur son travail au sein de la commission des finances. Mais aura-t-elle sufisamment de "temps-collaborateurs" pour tenir sur la durée l’enjeu d’un tel support ?

    http://www.comfinances.fr/

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