Admirez les Diafoirus ! Penchés sur la France, pompeux et sondomanes. Marianne, dit l’un, souffre de l’Euro fort. De l’Euro faible, rétorque l’autre. Nul doute, c’est de l’immigration. Non point, nous manquons d’Etat. Allons, nous en avons trop. La faute aux importations, vous dis-je. A l’Europe. Aux technocrates. Aux patrons. A l’affaissement de la gauche. A l’anémie intellectuelle de la droite. Hélas, tous s’accordent : la France a mal à la France, la fièvre s’est emparée de l’esprit public, elle grimpe.
A mon tour, je me risquerai à un diagnostic : notre nation n’est malade que d’ignorance et pourrait guérir par la connaissance. Comment cela ? Et oui, elle se relèverait au prix de l’effort qui, en politique et en économie, s’appelle la connaissance des faits. Ignoreriez-vous que les faits dans la lunette cathodique intéressent moins que les opinions ?
Tout, chez nous, est devenu affaire d’opinion : sur le chômage, on entendra un rapeur plutôt qu’un historien, sur l’immigration un vidéaste plutôt qu’un démographe. Chacun, face caméra, adoptera la pose la plus avantageuse, pas la plus authentique : au diable la connaissance, vive la reconnaissance, et que périsse la réalité. Dans cet univers où tout équivaut à n’importe quoi, ce que l’on dit vaut mieux que ce que l’on pense, le croire l’emporte sur le savoir ; une aubaine pour les charlatans.
Sur le chemin de la guérison française, je proposerai donc de substituer au partage droite/gauche, le parti des faits acquis contre celui des idées reçues : se soigner exige que les mots désignent les faits, pas les mythes. Mais qui veut guérir ?
