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NICOLAS SARKOZY EST-IL LE PRESIDENT DES SENIORS ?

La réalité est bien différente de l’interprétation des médias. Voici les véritables chiffres. Le changement des comportements est clairement signifié par le vote. Laisser croire que Nicolas Sarkozy ne doit sa victoire qu’à l’électorat des séniors permet de lui intenter un procès en conservatisme. Regardons les choses avec plus de nuances. Notons d’abord que, si Nicolas Sarkozy a su capter près des deux tiers du vote des plus de 60 ans, il est majoritaire dans d’autres segments d’âge considérés comme « plus jeunes », comme les 25-34 ans (avec, selon l’étude Ipsos, 57% de voix), ou à égalité avec Ségolène Royal, chez les 35-44 ans. L’influence générationnelle des séniors dont donc être plus nuancée…

Cette approche révèle surtout une vision monolithique et totalement dépassée de l’individu. Il faudrait cesser de raisonner par catégorie d’âge : nos identités sont multiples. L’âge n’est qu’une composante, et les effets de génération tendent à se réduire dans nos sociétés à la modernité accélérée. L’âge est insuffisant pour expliquer des comportements électoraux comme il ne peut déterminer seul nos attitudes de consommation, nos positions culturelles ou nos choix politiques.
Entre un homme actif de 60 ans, né après la seconde guerre mondiale, et une fragile centenaire, qui a connu deux guerres, les différences sont multiples. Nos histoires de vie, nos origines, nos valeurs culturelles, notre situation professionnelle et, encore plus, familiale, expliquent, bien plus largement que l’âge, nos comportements.

Nos identités sont par ailleurs fluctuantes. L’âge et l’identité sont de surcroît des notions évolutives et métisses : dans une même journée, on peut être un nouveau grand-père, un salarié expérimenté et finir en amateur novice d’un loisir. Il est aussi réducteur de vouloir massifier les jeunes en un seul ensemble que de résumer les plus de 60 ans sur le seul critère de l’âge. Chaque candidat a su rallier des suffrages dans toutes les générations puisque dans aucune strate générationnelle le concurrent n’a fait 100 %…
Il y a de multiples autres façons d’appréhender la répartition des votes. La même étude Ipsos montre par exemple que Nicolas Sarkozy a convaincu 53 % des salariés du privé et seulement 43 % de ceux du public. Il a séduit 77 % des travailleurs indépendants mais seulement 25 % des chômeurs. Or, personne ne vient expliquer que Nicolas Sarkozy a été élu président grâce aux travailleurs indépendants !
Enfin et surtout, derrière ces discours perce une tonalité désagréable, jeuniste et pour tout dire raciste. L’idée étant de laisser penser que les plus de 60 ans ne pouvant regarder l’avenir que dans un rétroviseur en noir et blanc, Nicolas Sarkozy sera leur otage et proposera une politique par nature conservatrice. Or, aujourd’hui, les plus de 60 ans travaillent, s’investissent dans le monde associatif, voyagent, aident leurs enfants comme leurs parents, consomment, séduisent et se laissent séduire, innovent… Certains sont finalement bien moins conservateurs que leurs cadets…

De Serge Guérin In Le Monde du 19 Mai 2007

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