Au moment où Angela Merkel assigne pour priorité à la présidence allemande la relance du processus constitutionnel, force est de constater que, cinquante ans après le traité de Rome, l’Europe est non seulement en panne, mais engagée dans une spirale régressive. D’un côté, elle continue à s’élargir de manière mécanique, l’Union comptant depuis le 1er janvier 27 membres, avec l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie, tandis que la Slovénie rejoignait la zone euro. De l’autre, elle se résume à une tragique absence, du fait d’un déficit aigu de gouvernement, de projet et de leadership…
… Voilà pourquoi l’Europe devrait revenir au premier rang des préoccupations de dirigeants européens, et notamment français. Au tour de cinq priorités : 1- Sortir de l’impasse le projet de Constitution en mettant en chantier un traité centré sur les seuls mécanismes de décisions institutionnels 2 – Interrompre la course folle des élargissements en gelant les négociations avec la Turquie pour redéfinir les objectifs et les frontières de l’Union 3 – Adopter une politique commune face à l’islam, associant statut légal et intégration à une lutte déterminée contre le fanatisme et le terrorisme 4 – Elaborer une stratégie de sécurité tournée vers la protection du territoire et des frontières de l’Union 5 – Accélérer la mise en place du grand marché, notamment dans les services de l’énergie Un demi-siècle après la création du Marché commun, l’Europe se situe à un tournant de son histoire qui peut aboutir à sa dissolution. Il revient aux Français de conjurer la spirale régressive et l’emballement anti-européen qui les a saisis pour refaire de la France une puissance crédible au sein de l’Union puis relancer le projet d’une Europe politique apte à peser dans le monde du XXIème siècle.
Nicolas Baverez In Le Point N0 1793 du 25 janvier 2007
