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Pourquoi Benoît XVI récuse « l’islamisme» ? Réflexions pour le Proche-Orient : synode à l’automne 2010

« Un « instrumentum laboris » servira de base aux débats lors d’un synode sur le Moyen-Orient réunissant tous les évêques de cette région du monde. Convoquée par Benoît XVI, cette rencontre inédite a pour objet principal de mettre à plat la question de l’avenir des chrétiens de ces pays. Et de trouver des solutions concrètes pour réduire leur diaspora vers l’Occident. Rome refuse qu’un jour la terre qui fut refoulée par le Christ soit vidée de ses « pierres vivantes ». Une phrase, « l’occupation israélienne des Territoires palestiniens rend difficile la vie quotidienne pour la liberté de mouvement, l’économie et la vie sociale et religieuse », a pris une importance démeusurée. Alors que le texte rappelle la position classique de l’Eglise : soutenir « deux Etats », palestinien et israélien, « avec des frontières sûres et internationalement reconnues ». La nouveauté de ce document est plutôt du côté de l’islam, qui occupe non une phrase mais la partie substantielle du texte, l’autre touchant aux problèmes ecclésiaux. Que dit ce texte vis-à-vis de l’islam ? Trois idées : une dénonciation, un rappel historique et une proposition. La dénonciation porte sur la « montée d’un islam politique » depuis les années 1970 où « on voit augmenter un peu partout les attaques contre les chrétiens ». Mais avec le paradoxe de voir que les chrétiens, qui ont été « les pionniers de la renaissance de la nation arabe » et qui apportent beaucoup sur le plan éducatif, culturel et social, sont aujourd’hui menacés de vivre en « ghetto ». Quant à la proposition, elle consiste à « distinguer la réalité religieuse et la réalité politique » alors que « les musulmans ne distinguent pas religion et politique, ce qui met les chrétiens en situation délicate de non-citoyens, alors qu’ils sont les citoyens de ces pays bien avant l’arrivée de l’islam ». L’objectif serait « d’alléger le caractère théocratique des gouvernements en suivant le modèle d’une « laïcité positive », ouverte aux religions. Et d’avancer en termes législatifs sur la « liberté religieuse et la liberté de conscience qui sont généralement inconnues dans le milieu musulman ». Mais si l’Eglise catholique ose ainsi poser le problème, c’est que les chrétiens de Terre sainte – qui ont été directement consultés par Rome pour la rédaction de ce texte vigoureux – se trouvent déjà dans une problématique de vie ou de mort. Enfin, en s’opposant aux visées de l’islam politique pour préserver la convivialité des religions, qui a longtemps existé au Moyen-Orient, Rome sait que l’enjeu de ce combat concerne tout l’Occident. »

by Jean-Marie Guénois, in Le Figaro, mardi 8 juin 2010

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