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Les élites françaises et la mondialisation

La qualité des élites françaises a longtemps été enviée de part le monde. « Un tri par les mathématiques, parce qu’elles apprennent à élargir l’horizon pour traiter le cas général avant de l’appliquer au particulier, un peu d’esprit de finesse dans beaucoup d’esprit de géométrie, de la rhétorique en trois parties et le respect tout militaire de la hiérarchie ont donné au pays des Corps qui ont poussé sa modernisation depuis 200 ans. Quant, au début du XIXe siècle, les lettrés chinois ont dédaigné l’industrie naissante et bloqué le développement de la classe moyenne poussant leur pays vers le déclin, les élites françaises, en revanche, ont su investir les entreprises. Les périodes de jacobisme, de Napoléon à de Gaulle, ont été naturellement les plus favorables. »… Aujourd’hui encore, les élites françaises restent bien formées et le système des concours garde sa justification de sélection des « meilleurs ». Pourtant, à l’heure de la mondialisation et des réformes des institutions d’hier, du retour des inégalités aussi, nos élites sont frappées d’immobilisme. Il faut voir, dans les caractères immuables de cette fabrique des élites, la cause et l’effet de l’extrême difficulté à changer la France. La cause, parce que le sommet devrait montrer l’exemple du changement et que l’Etat ne le fait que très peu ; l’effet, parce que le pays est incapable d’imposer de véritables changements à ses écoles et ses Corps… Un numerus clausus insuffisant, un recrutement fermé et, surtout, un système « à vie » : telles sont les trois critiques adressées à la fabrique. Un système à vie ? A 50 ans, un X reste un X et l’exclusion des autres par un concours réussi à 19 ou 20 ans fonctionne durant toute la carrière dans l’ensemble du CAC 40 ou presque. Ce système de caste, dénoncé par tous, perdure pourtant… A l’heure où, au contraire, la mondialisation impose une ouverture des esprits, des origines et des genres, l’élite française doit être fortement bousculée. Certains comme Sciences Po ont donne le bon exemple… Le changement est trop lent, la discrimination positive est nécessaire. La fabrique des élites est bonne, mais il faut qu’elle recrute autrement, qu’elle tourne pour plus et, surtout, qu’elle perde son monopole… »

by Eric Le Boucher, in Enjeux les Echos, mai 2010

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