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L’Europe est mal partie dans le siècle (4/4)

« (…) L’Europe conserve encore pour un temps des atouts réels : la dynamique du grand marché, un Etat de droit économique, des infrastructures performantes, des pôles d’excellence servis par une population éduquée et la présence de capitaux considérables, une histoire, un patrimoine, une culture et une qualité de vie remarquables. Mais ces points forts sont menacés par la faiblesse de ses institutions, par la chute de sa compétitivité, par l’obsolescence de ses schémas et l’archaïsme des mentalités. A l’image des Etats-Unis d’Obama, l’Europe doit se réinventer, comme elle l’a fait lors du congrès de Vienne au début du XIXe siècle ou après la Seconde Guerre mondiale, avec la reconstruction et le plan Marshall, la mise en place des Etats-providence et le lancement de la construction communautaire. Elle doit trier les conséquences de l’existence du grand marché de l’euro, en se dotant d’un gouvernement économique disposant de compétences budgétaires et fiscales, ainsi que d’organes de régulation continentaux, notamment pour les banques et les marchés financiers. Elle doit coordonner ses stratégies économiques et vérifier leur soutenabilité à long terme. Elle doit favoriser la mobilité des hommes et l’intégration des sociétés, en renforçant ses réseaux et ses infrastructures. Elle doit accorder une priorité absolue à la p production et à l’emploi, à l’investissement et à l’innovation, ce qui passe par un policy mix plus rigoureux en matière de dépenses et de déficits publics, plus souple en matière monétaire avec une gestion active du change. Elle doit définir et promouvoir dans les négociations mondiales des normes qui soient compatibles avec son modèle de capitalisme. Elle doit garantir la sécurité de son territoire et de sa population, tout en contribuant à stabiliser sa périphérie. Sur tous ces plans, la décennie 2010 sera décisive et déterminera largement le statut de l’Europe. Soit elle continue, dans la lignée des deux dernières décennies, à se battre pour réhabiliter les formes du XXe siècle et elle s’enfermera dans la décroissance, la paupérisation et l’instabilité politique. Soit elle se conçoit et s’organise pour devenir un pôle de décision, un site de production et un espace d’innovation majeurs, assumant toute la compétition que la coopération avec les Etats continents qui rivaliseront pour le pilotage du capitalisme universel du XXIe siècle. »

By Nicolas Baverez, in Le Figaro, 26 avril 2010

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