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Le Pakistan…ses voisins…et l’Inde

« Ce pays, à la croisée de l’Iran, de l’Afghanistan, de la Chine et de l’Inde, en raison de tensions tant internes qu’internationale, est éminemment révélateur des incertitudes et des menaces qui pèsent sur les fragiles équilibres de la scène et géopolitique internationale.

Avec une superficie égale à une fois et demie la France et surtout une population de 180 millions d’habitants (peut-être 300 millions en 2050), ce pays, sans doute trop méconnue par l’Occident, est en permanence traversée par des conflits entre ethnies et groupes de cultures et d’origines différentes. Ils jouent un rôle majeur et vraisemblablement très imprévisible au regard de l’avenir de l’Afghanistan et de l’offensive occidentale contre les talibans, a fortiori vis-à-vis de l’avenir de toute la région.

L’islam qui a présidé à la naissance de ce pays en 1947 pour réunir la majeure partie des musulmans du sous-continent indien, après le départ des Britanniques, ne constitue plus le ciment de la nation. Seule la peur et la haine de l’Inde rassemble les Pakistanais. Ceux-ci donne de plus en plus l’impression de ne plus vouloir vivre ensemble. Les provinces ne coopèrent pas entre elles, elles s’opposent, en ce qui concerne la répartition des ressources en eau et l’attribution des finances. Elles sont agitées par de puissants mouvements autonomistes, voire indépendantiste. Le Baloutchistan semble le plus touché. Le Punjab qui rassemble environ 60 % de la population apparaît privilégier par la distribution de l’eau et la répartition des finances publiques, ce qui suscite les critiques des trois autres provinces…

Les stratèges pakistanais se demandent peut-être si l’Inde ne pourrait pas profiter des difficultés de leur pays pour provoquer une guerre dont elle sortirait vainqueur. À vrai dire, ils comptent sur l’existence d’une dissuasion nucléaire dont les Indiens sont bien conscients. Il n’est pas vraisemblable de penser que les dirigeants indiens plus se nourrirent des intentions belliqueuses dans les circonstances présentes. Une lente décomposition de l’État pakistanais peut leur paraître bien préférable à un nouveau conflit. Les Indiens pourraient ainsi être tentés d’amplifier les difficultés de leurs voisins par une course aux armements susceptibles de conduire le Pakistan à l’essoufflement financier.

La confrontation reste générale entre l’Inde et le Pakistan : la première accusant le second de perpétrer des attentats sur son territoire et de nuire à ses intérêts partout dans le monde, le second dénonçant une ingérence indienne dans la province frontière du Nord-Ouest et au Baloutchistan. Le chaos provoqué par un effondrement pakistanais et par le démembrement du pays engendrerait, dans toute l’Asie du Sud, les répercussions bien difficiles à prévoir. »

In Futuribles, avril 2010, par Alain Lamballe.

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