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L’Europe est mal partie dans le siècle (1/4)

« Le XXIe siècle est placé sous le signe d’une histoire universelle traversée par une tension fondamentale : d’un côté la naissance d’un cappitalisme-monde ; de l’autre, une configuration multipolaire avec des systèmes de valeurs, des institutions et des règles hétérogènes. Dans la continuité du XXe siècle, la lutte se poursuit entre les empires et les nations, notamment à travers les conflits qui déchirent les Etats continents, Chine, Inde, Russie. En revanche, l’opposition entre démocratie et totalitarisme a disparu avec l’effondrement du soviétisme. Pout autant, la mondialisation de la démocratie n’a pas suivi celle du capitalisme. Le cœur de la liberté politique se situe en Occident, mais non celui de la liberté économique, dont il a perdu le monopole. Les démocraties se trouvent confrontées à un double défi l : une contestation radicale de la modernité à travers le fondamentalisme musulman et le terrorisme de masse ; un compétition pour la gestion de la modernité avec l’émergence du consensus de Pékin, qui entend surclasser les nations développées en terme de développement en récusant la liberté politique et l’Etat de droit, en contrôlant la société et l’information, en confiant aux pouvoirs publics le pilotage du développement à moyen terme. La gigantesque déflation par la dette de 2008, comme toutes les grandes crises du capitalisme, a provoqué une spectaculaire accélération de l’histoire. Avec pour moteur le basculement du centre de gravité du capitalisme vers l’Est et le Sud : 1% de croissance pour l’Europe et 20,5 % pour les Etats-Unis, et 4,8% pour les pays émergents. Le Sud représente désormais 52 % de la production industrielle contre 30 % il y a vingt ans, possède 80 % des réserves de change et aligne des fonds souverains dont la force de frappe financière atteint 3 500 milliards de dollars. La seule Asie crée désormais 21 % de la richesse mondiale et entre pour 32 % dans la capitalisation boursière mondiale, contre 30 % pour les Etats-Unis et 25 % pour l’Europe. La sortie de crise exacerbe les écarts de développement, avec pour l’année 2010 une croissance de 6 % au Brésil, 8 % en Inde et 140,5 % en Chine contre 3,2 % aux Etats-Unis et 0,7 % en Europe. Et cette divergence sera durable, compte tenu des séquelles laissées par l’économie de bulles dans les pays développés : hausse de 40 points de PIB des dettes publiques pour enrayer la déflation ; dilatation et dégradation du bilan des banques centrales ; surendettement des ménages ; destruction de 8,4 millions d’emplois aux Etats-Unis et 3,4 millions en Europe ; chômage touchant 10 % de la population active et plus de 20 % des jeunes.

Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, trois mondes ont cohabité. L’Occident, uni autour des valeurs de la démocratie et seul gestionnaire du capitalisme, est sorti vainqueur de la guerre froide au moment où nul ne l’attendait. L’empire soviétique s’est désagrégé de l’intérieur à partir de la chute du mur de Berlin, du fait de la paupérisation des masses asservies et de la fin de la terreur, entrainant la déchéance du communisme et de l’économie planifiée comme alternative au marché. Le tiers-monde a conquis sa souveraineté mais longtemps échoué à enclencher le développement, à l’exception des « tigres » et « dragons » asiatiques. De même que 1989 a acté la fin de la division entre l’Ouest et l’Est, 2009 a définitivement enterré le clivage entre le Nord et le Sud. La mondialisation a réussi à accomplir le décollage économique que les tiers-mondistes avaient rêvé et méthodiquement compromis en raison de leur refus idéologique du marché. » By Nicolas Baverez, in Le Figaro, 26 avril 2010

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