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Halte aux leçons de morale anticapitalistes ! Le système libéral n’est pas en faillite…il a permis à la société de progresser

« Les pratiques bancaires des traders, les bonus insolents partagés en temps de crise ou les ravages de stress chez France Télécom suffiraient désormais à jeter l’opprobre sur deux cents ans de progrès continu. L’absence quasi-totale de sens historique qui régit le monde politico-médiatique aidant, on met ces travers au demeurant indéniables, du libéralisme sur le même plan que les 120 millions de morts du totalitarisme ! Disons-le tranquillement mais fermement : cette fausse équivalence est tout simplement obscène. Rien n’est plus absurde que cette rengaine éculée selon laquelle le système libéral et le système communiste se rejoindraient dans la faillite… Il faut réaffirmer posément que c’est bel et bien grâce à l’économie de marché que nos sociétés européennes ont fait des progrès matériels et moraux apportant une douceur de vivre si exceptionnelle que l’univers entier nous l’envie. Un mixte de liberté et de bien-être inconnu jusqu’alors dans l’histoire comme dans la géographie… Nos sociétés capitalistes tant décriées offrent à chacun de nos enfants à leur naissance en termes de liberté de circulation, d’expression, de droit à l’éducation, à la contestation, à la culture, à la santé, aux loisirs. Imaginez qu’on ait dit à Hugo qu’au siècle prochain l’enseignement et la médecine seraient gratuits, accessibles même aux plus pauvres, que les ouvriers bénéficieraient de retraites et de congés payés, que la liberté d’opinion serait garantie et que nul ne risquerait plus d’être exilé à Guernesey ou ailleurs pour avoir critiqué son gouvernement, que des machines volantes permettraient à tous de découvrir le vaste monde en des temps records, voire de participer à des débats contradictoires, d’entendre parler de livres ou de théâtre par ceux qui les font vivre et que l’espérance de vie passerait de 40 à 80 ans !… Mais quel autre système que le système libéral associé au marché autorise une opposition, des grèves, des élections libres ? Le capitalisme, ce n’est pas Les Misérables, c’est ce qui nous sépare ! Mais n’oublions pas non plus cette vérité : la création sociale-historique unique et irremplaçable qu’incarnent nos sociétés libérales est aujourd’hui menacée de toute part, à commencer sur le plan démographique. Elle est comme la flamme infiniment fragile d’une bougie exposée aux vents de tous horizons. Au lieu de la protéger, une part croissante de nos concitoyens s’acharne à y souffler dessus. Si nous voulons conserver et embellir le modèle indissolublement économique et politique qui est le nôtre, le rendre plus juste encore, combattre les inégalités qui l’abîment, il nous faut commencer par stopper ce démentiel masochisme qu’un surmoi d’extrême gauche continue inlassablement de nourrir. Que le Parti socialiste ne puisse s’en défaire est une fatalité calamiteuse pour lui. Que la droite y cède à son tour serait aussi stupide que suicidaire… »

by Luc Ferry, in Le Figaro, le jeudi 24 septembre 2009

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