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Ce que veulent les russes (3/3)

« En ce qui concerne l’énergie de la Russie, celle-ci fait une proposition très claire : elle s’est dite prête à autoriser les Européens à posséder une partie des ressources russes à condition qu’en échange, elle puisse posséder une partie du réseau de distribution européen. Un tel accord se traduirait par la mise en place d’un complexe énergétique russo-européen. Tout le monde y gagnerait. Mais l’Europe préfère nous accuser « d’impérialisme énergétique », c’est absurde. Elle a tout intérêt à se reprendre. Unis nous serions plus fort que diviser…J’ajoute que chaque fois que l’Europe va au bras de fer, elle perd. Prenez une question aussi cruciale que le tracé des pipelines qui acheminaient des hydrocarbures russes vers l’Europe : les positions de la Russie ne cessent de progresser ! La Russie avait besoin d’être secouée un bon coup pour sortir de l’espèce de béatitude dans laquelle l’avait plongé sa rente pétrolière et gazière. Je pense que la crise actuelle va, précisément suscité dans notre pays cette modernisation que j’appelle de mes vœux depuis longtemps. Au final nous en sortirons plus fort.

La crise serait donc un nouveau coup de chance pour la Russie, seul pays depuis des décennies à avoir réussi à remporter la victoire contre une guérilla (Tchétchénie), personne ne pensait que nous pouvions gagner mais nous l’avons fait. Le processus de désintégration de l’Etat a tété interrompu, tout comme la contagion islamiste. Désormais chaque groupe tenté de suivre une telle voie c’est que la réaction du centre fédéral sera immédiate et impitoyable. Vous voyez donc que la Russie a rétabli son état qu’il y a 10 ans était faible et que deuxièmement la conduite de sa politique étrangère avec une indéniable virtuosité : quoiqu’elle est subie des échecs à certains moments, comme en Ukraine, elle est globalement bien plus influentes et plus respectés aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a 10 ans. C’est que nous ne devons donc pas tout à la chance, mais le fait est que, depuis un certain temps, les évènements sur lesquels nous n’avons pas prise jouent en notre faveur. L’accroissement rapide des prix des hydrocarbures commencés à la fin des années 1990, nous a permis de remettre le pays sur les rails. L’enlisement américain en Irak nous a permis de regagner de l’influence au Moyen-Orient, l’affaiblissement global de l’Union Européenne nous a également servi. Quant a la crise, elle va nous forcer à investir davantage dans les technologies de pointe et l’éducation, ce dont on ne peut que se féliciter.

J’estime que nous n’utilisons pas assez l’extraordinaire potentiel de l’Asie, qui se trouve à nos portes. L’Europe nous est très chère, elle est bien plus proche de nous que l’Asie au niveau culturel, mais je sais que nous achetons dans les pays européens certains produits bas de gamme (vêtements bon marché, ustensiles de cuisine…) qui sont en réalité fabriqués en Chine et qui ont transité par leurs propres pays qui s’y sont vus à couler la mention « made in Europe » ainsi que zéro ou deux à leur prix ! N’est-ce pas absurde ? Nous pouvons tout à fait multiplier nos liens avec l’Asie sans pour autant perdre de vue la prééminence de l’Europe.

La Russie et l’Europe sont donc vouées à se rapprocher : privée de l’énergie et de la puissance russe, l’Europe deviendra progressivement Venise, belle, sublime, empreinte de grande culture, de grande histoire et condamnée à n’être qu’un lieu de pèlerinage touristique, dénué de toute influence sur le monde et finalement destinée à sombrer et disparaître. Quant à la Russie, si elle venait à se détourner de l’influence ennoblissant de l’Europe, elle se transformerait en une sorte de Nigéria : un état au sous-sol très riche, mais divisé, intellectuellement peu fécond et soumis à des soubresauts violents. Dans un cas comme dans l’autre, ce ne sont pas des scénarios très souhaitables. Raison de plus pour nous rapprocher et affronter l’avenir ensemble. »

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