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La grippe a tué le principe de précaution !

« La polémique est loin d’être inutile. Elle dévoile pour la première fois dans notre pays les limites du principe de précaution, qui sont justement son absence de limites. Pour nous protéger contre une grippe dont la sévérité au départ était incertaine, nous étions prêt à dépenser sans compter moyens, investissements, finances… Avec le principe de précaution (mis en avant uniquement en situation d’incertitude), on a posé comme postulat absolu que la prévention d’un risque est la seule variable à prendre en compte, la seule à être supérieure à toutes les autres. Face à un risque hypothétique, la notion de coût, de dépense, de mobilisation n’a plus de sens. Et on peut toujours en faire plus. Le principe de précaution, dans sa forme dévoyée, nous dit que la pire des choses, c’est de prendre le moindre risque. Cette vision qui a prévalu dans plusieurs domaines en matière de santé vient de mourir étouffée sous les tonnes de vaccins, de masques, de Tamiflu destinées au départ à tuer un virus moins méchant que l’on a cru au départ. Personne n’oubliera l’épidémie de grippe A (H1N1) et ses excès. Les experts en santé publique expliquent depuis des années qu’il faut dans toute situation entachée d’incertitude, faire une analyse critique du risque, le circonscrire par différents modèles allant du pire au meilleur, choisir des réponses en fonction du modèle le plus vraisemblable et adapter sans arrêt les mesures à prendre en fonction de l’évolution des connaissances et de la situation. Peut-être aussi faudrait-il arrêter de transformer les enjeux sanitaires en enjeux politiques. Derrière l’excès de mesures, c’est aussi le principe de précaution politique qui est en embuscade. La première chose a faire est d’évaluer, d’expliciter les enjeux, d’identifier la demande sociale… Dans ces situations d’incertitude, la transparence et la circulation de l’information sont aussi deux atouts majeurs de la démocratie. La grippe imaginaire La chose est entendue, selon toute apparence : l’épidémie, la pandémie d’Apocalypse qu’on nous annonçait n’aura pas lieu. Il faut s’en réjouir et féliciter tous ceux qui, ne voulant pas être accusé de désinvolture après coup, ont opté avant pour l’hypothèse du pire. Que l’on retourne le problème dans tous les sens, il n’y avait pas d’autre alternative. Madame Bachelot, qui ne passe pas pour une poule mouillée, a montré combien elle prenait cette affaire au sérieux, quitte à se retrouver, comme c’est le cas, avec quelques chose comme quatre vingt dix millions de vaccins sur les bras, bons pour la poubelle. On ose à peine écrire le prix payé de ces vaccins à quatre grands laboratoires. Là encore, y avait-il une autre hypothèse ? »

Edito mobile de Revue des Deux Mondes, le lundi 4 janvier 2010

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