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Un homme libre nommé BERNANOS 1ère partie

Retour sur une vie d’écrivain chaotique, marquée par la quête de Dieu et le combat spirituel (1/2)

Du jeune nationaliste exalté à l’homme exténué qui meurt à l’hôpital américain de Neuilly en murmurant le prénom de sa femme Jeanne (5 juillet 1948), du nomade au combattant de la nuit, de « Monsieur Ouine » aux « Enfants humiliés », celui qu’on compara souvent à Dostoïevski, ne fut animé que par la quête de Dieu. Et par la conviction intime que le monde se perd à vouloir renier son origine divine. Mais qui sème dans les larmes, récolte dans la Joie. Tel est sans doute le secret de Bernanos.

Par Diane Gautret, avec la collaboration de Marie-Catherine d’Hausen

« Au premier abord, il est à des années-lumière de nous, et pourtant la lumière est intacte parce qu’on peut avoir recours à lui pour nous insuffler l’énergie manquante. Il met avant tout l’aventure spirituelle, et c’est sans doute celle dont nous avons le plus besoin. Cette aventure spirituelle est, comme le veut Péguy, réelle et charnelle, c’est-à-dire qu’elle n’est jamais abstraite et qu’elle peut s’incarner dans la vie de tous les jours. C’est une œuvre qui lutte sans cesse contre ce qui nous pourrions, en gros, résumer par un mot : le Mal. Pour déceler le mal, « Sous le soleil de Satan », pour déceler l’imposture « L’Imposture », pour retrouver la joie, « La Joie ». Quand il insiste et répète : « Notre Eglise est l’Eglise des saints », il nous enseigne à regarder plus haut que nous, à ne pas commencer le jour tête baissée mais droitement. Même son idée de la France d’aujourd’hui nous redonne le cœur de la regarder autrement. »

Par Florence Deray, de l’Académie française, écrivain

« La voix de Bernanos est celle d’un prophète. Bernanos a écrit dans la première moitié du XXème siècle, marquée par deux guerres mondiales, l’hégémonie des totalitarismes, l’explosion de la bombe atomique. Il a été témoin du sabordage de la civilisation occidentale, et il s’est interrogé jusqu’à l’angoisse sur l’échec de la chrétienté. Son réquisitoire contre le monde moderne est encore actuel par bien des aspects, notamment lorsqu’il s’en prend aux médias de masse qui manipulent les consciences et se font les relais de la propagande, annihilant l’esprit critique et la liberté intérieure. Il semble même que la vision bernanosienne du monde moderne anticipe notre situation quand, dans l’Europe dévastée d’après-guerre, il se demande s’il y a encore des hommes sur la terre, si ces êtres assoiffés de biens matériels, endoctrinés, privés de la conscience du bien et du mal, sont encore ses semblables, ses frères. Son œuvre verserait dans le pessimisme le plus noir, si elle n’était une constante affirmation de sa foi : c’est de Dieu que l’homme tient son humanité, sa dignité, sa valeur absolue. D’où sa magnifique définition de la sainteté : les saints ne sont pas des surhommes, mais « les plus humains des humains ».

Par Claire Daudin, écrivain

In Famille Chrétienne N° 1589 du 28 juin au 4 juillet 2008

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