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L’école maternelle n’est-elle qu’une garderie ?

L’école maternelle est une exception française. La plupart de nos voisins européens ne prennent en charge l’éducation des enfants qu’à partir de six ans.

Avec le baby-boom de l’an 2000, le taux de scolarisation des enfants de trois ans a toutefois été mis à mal ! De grandes disparités existent selon les territoires. Si les petits Bretons sont assurés d’être accueillis dès deux ans à l’école (53%), on ne peut pas en dire autant des Parisiens (508%) – sans parler des enfants de trois ans révolus placés en liste d’attente dans certains quartiers de la capitale. Au départ, pourtant, la loi du 10 juillet 1989 assignait une priorité pour l’accueil des enfants de deux ans dans les écoles situées dans un environnement social défavorisé. Echec total, puisque dix ans plus tard le taux de scolarisation en Seine-Saint-Denis n’avait pas évolué (21,2 %). Monique Papon (Ump, Loire-Atlantique) et Pierre Martin (Ump, Somme) en sont convaincus : l’école avant trois ans, n’offre pas un cadre adapté. Les rapporteurs assument les critiques des journalistes et celles de l’opposition et ils soutiennent mordicus : un enfant de deux ans a ses propres rythmes, qui ne sont évidemment pas ceux d’un enfant de trois ans, et n’a rien à faire dans une salle de classe ! Les enseignants sont également épinglés dans leur rapport : « accueil des jeunes enfants : pour un nouveau service public ». Ils ne seraient absolument pas formés à la petite enfance dans leur cursus, et atterriraient en maternelle comme on atterrit en enfer : contraints et forcés. Information-clé du rapport : être scolarisé dès deux ans ne favorise en rien la réussite scolaire ! La scolarisation précoce ne compense pas les écarts de réussite liés à l’appartenance sociale, insistent les sénateurs. Les évaluations nationales les confortent : moins de quatre points en maths et moins de deux points en français séparent les élèves de sixième ayant fait trois années de maternelle de ceux qui en ont fait quatre. Sur le constat, on ne peut que s’incliner. Simplement, les membres de la commission des affaires culturelles ont occulté un détail d’importance : face à la pénurie des modes de garde avant trois ans, les parents qui n’ont pas d’autre choix ne se posent pas la question, et s’inscrivent évidemment pour une garde gratuite de leur enfant de 8 h 30 à 18 h 00 ! Ce sont donc les propositions des sénateurs qui laissent perplexe : créer « un nouveau service public » (pourquoi ne pas améliorer celui qui existe déjà ?) de la petite enfance, via les « jardins d’éveil », destinés à accueillir les 2/3 ans, et, évidemment payant. En 2001, la ministre déléguée à la famille, Ségolène Royal, annonçait son intention de créer des « jardins d’enfants éducatifs ». Que cette proposition soit restée lettre morte n’a visiblement pas échaudé les sénateurs.

In LPP N° 1264 du 10 novembre 2008

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