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Vers une désagrégation possible des sociétés humaines

« UNE EVOLUTION POSSIBLE ? « Façonnée dans un espace illimité, l’espèce humaine n’est nullement adaptée au caractère fini de la Terre. » (André LEBEAU)

Enfermée dans un monde devenu trop petit, l’humanité est menacée d’implosion écologique, économique et sociale. André Lebeau, ancien président du CNES, lance un cri d’alarme. Son dernier ouvrage, « L’enfermement planétaire » (Gallimard), est d’une brutalité inouïe ; trop nombreuse, gaspillant les ressources terrestres et polluant tous azimuts, l’humanité fonce irrémédiablement vers la catastrophe finale. Quand ? Dans un siècle ou deux, c’est-à-dire demain ! André Lebeau n’espère rien de la technologie, il fustige le néolibéralisme fondé sur la croissance, il dénonce la mondialisation. Il accuse le développement durable d’hypocrisie, car il ne sert qu’à amplifier les inégalités planétaires. Décidément, l’homme tape fort et souvent juste.(…) »

« Est-il encore temps d’enrayer le mécanisme fatal ? André Lebeau en doute : l’évolution a génétiquement programmé l’homme pour conquérir des territoires et dominer son prochain, absolument pas pour affronter une Terre peau de chagrin. Si des solutions existent – enrayer la démographie galopante, consommer moins et mieux partager –, comment en convaincre l’humanité ? Sur quels leviers culturels agir pour qu’elle se mobilise enfin ? Lebeau n’a pas de réponse, mais au moins a-t-il le mérite de poser la question. « Mon intention, en écrivant ce livre », dit-il, « n’était ni de conseiller ni d’agir, mais seulement de tenter de dresser un tableau, ou un bilan, de la situation, comme pourrait le faire un observateur extérieur qui se pose cette question : que va-t-il se passer ? Cela me permet de faire l’abstraction de tout choix éthique. L’action ne peut à l’évidence se concevoir sans un choix de valeurs et le rôle de conseilleur devrait, en principe, être astreint à la même contrainte. » « J’ai cherché à bâtir une vision dans laquelle s’affrontent, dans un conflit douteux, les déterminations génétiques profondes de l’espèce et sa capacité à réagir sur ses comportements instinctifs par un acquis culturel. Ce qui est, hélas, possible, c’est une régression de la société humaine. On peut envisager une destruction des liens qui organisent, imparfaitement il est vrai, une communauté, la désagrégation des sociétés et le retour à des tribus qui auront recueilli, pour s’affronter, des lambeaux du système technique et qui, peut-être, continueront à fabriquer artisanalement des kalachnikovs pour régler leurs différends. »

« Cependant, je ne formule pas de pronostic sur l’issue. Mon livre n’est ni optimiste ni pessimiste, il se fonde sur l’idée que le plus grand de tous les dangers est la cécité de l’espèce. »

Propos recueillis par Frédéric Lewino In Le Point n° 1882 du 19 octobre 2008

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