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Le Conseil européen capitule devant la Turquie

Le Conseil Européen qui rassemble les chefs d’Etat et de gouvernement, lors de sa réunion des 15 et 16 juins 2006, a « fait le point des progrès réalisés dans l’examen analytique de l’acquis et s’est félicité que les négociations d’adhésion portant sur les questions de fond aient été engagées avec la Turquie ». Derrière ce langage diplomatique feutré se cache une première capitulation qui en annonce beaucoup d’autres.

Il y a impasse sur la reconnaissance de Chypre.
Le Conseil s’est simplement contenté d’assortir sa satisfaction d’une déclaration lénifiante invitant la Turquie à respecter d’une part « les obligations qui lui incombent en vertu de l’accord d’association », ce qui ne va pas bien loin compte tenu de la réserve et d’autre part « l’engagement d’entretenir des relations de bon voisinage, en évitant toute action qui pourrait compromettre le processus de règlement pacifique des différends ». Il est difficile de pousser plus loin l’euphémisme…et de masquer davantage une défaite qui va nous entraîner loin.

Quand on sera parvenu au terme des négociations, surtout si elles durent longtemps, on se demandera évidemment qu’on n’a pas déployé autant d’efforts pour capoter si près du but : ce sera alors Chypre qui devra consentir aux concessions maximales en reconnaissant l’existence de l’enclave turque du Nord de l’île, et la Turquie qui empochera le gain maximal en faisant admettre par les Européens les conséquences de son coup de force de 1971.CQFD…Voilà comment les négociateurs européens sont en train de nous enfiler de force la « camisole turque ».

Le choix : c’est la préférence pour la Turquie. Le Conseil européen n’est pas aussi complaisant envers les autres candidats. On continue de tenir la dragée haute à la Croatie ; l’entrée de la Lituanie dans la zone euro lui est refusée au seul motif que l’inflation y est supérieure de 0,1% à la valeur de référence tirée des critères du Traité de Maastricht…Tout se passe comme si les eurocrates regrettaient l’adhésion des nouveaux membres, parfois remuants et malcommodes il est vrai, ou comme s’ils cherchaient à pousser dehors ceux dont ils n’avaient pas pu refuser l’adhésion dans la vague qui a suivi la chute du mur de Berlin ou qui les embarrassent comme Chypre. Ils agissent comme s’ils voulaient les échanger contre l’adhésion turque dans un vertige de puissance illusoire et de confusion des valeurs fondatrices de l’Europe.

Il est vain de croire que l’on échappera à une crise sur la consistance, les racines, les valeurs et les frontières de l’Union européenne en agissant ainsi. Mais en la repoussant d’étape en étape, on en rend à chaque fois le risque plus grave et la résolution plus difficile.

François de Lacoste Lareymondie, in Liberté Politique, été 2006-n°34 , p.187

Vous pouvez aussi consulter le site : www.libertepolitique.com

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