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Communautarisme et espace public (5) : la nouvelle menace communautaire

La montée des communautarismes est en train de démonter les clés fondamentales de notre société démocratique et républicaine issue des Lumières, la principale étant l’égalité devant la loi qui repose sur l’idée de réciprocité : le citoyen ne peut pas se tromper dans son vote s’il sait que son choix s’imposera à lui autant qu’aux autres. Mais il faudra pour ce vote que le citoyen décide en son âme et conscience. Il ne saurait donc appartenir à une communauté qui l’aliène et qui, en recherchant le bénéfice de la loi pour elle-même, contrevienne au principe de réciprocité.

Il est fondamental à ce titre de distinguer les communautés identitaires et les corps intermédiaires et les relais auxquels le citoyen a recours par adhésion volontaire. Les communautés identitaires offrent en elles-mêmes un mode de vie, des règles, une grille d’appréciation des réalités de la société qui l’entoure. Les corps intermédiaires (comme les associations, les syndicats, les partis ou les corporations) sont fondés sur la liberté des individus à se rassembler pour une meilleure visibilité ou une plus grande efficacité d’action et de réflexion. Dans la fuite en avant de l’Etat providence, la loi est supplantée par la norme qui encadre les comportements et prévient les moindres risques et les moindres déplaisirs. La norme ne sanctionne pas elle prévient. Or l’individu est responsabilisé par l’éducation scolaire et ses apprentissages des règles communes, et sa conscience est formée par l’expérience. Pour intérioriser ses responsabilités et ses libertés d’action, il faut peu de lois. Elles doivent servir de repères stables, fixer une règle du jeu connue à l’avance dans lequel pourront s’exercer les libertés de chacun. Les sociétés contemporaines prennent le chemin inverse, celui de l’improvisation, de la création continue. La logique de dépolitisation et de désacralisation généralisée ressuscite les solidarités communautaires qui mène tout droit soit à l’anarchie soit à l’arbitraire avec dans les deux cas pour seul horizon la violence.

Voir Alain-Gérard Slama, « la nouvelle menace communautaire », in le Figaro, le 23 janvier 2001

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